Page:Zevort - Romans grecs 2.djvu/19

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au milieu, mais dégénérant en marais vers les bords. Ces marais sont au lac ce que sont les rivages à la mer. C’est là que tous les brigands égyptiens ont établi leur république. Les uns habitent des cabanes bâties sur les points où un peu de terre s’élève au-dessus des eaux ; les autres vivent sur leurs barques, qui leur servent tout à la fois de transport et d’habitation. Avec eux sont aussi leurs femmes ; c’est là qu’elles travaillent la laine, là qu’elles accouchent. L’enfant, quand il est né, est nourri d’abord du lait de sa mère, plus tard des poissons du lac séchés au soleil. La mère s’aperçoit-elle qu’il s’essaie à ramper seul, elle lui attache au pied une corde qui ne lui permet pas d’aller au-delà du bout de la barque ou de la cabane ; elle lai fait ainsi du lien qui emprisonne son pied un guide d’un nouveau genre pour lui apprendre à marcher.

VI. Beaucoup d’entre eux sont nés ainsi sur le lac, y ont été élevés de cette façon, le considèrent comme leur patrie et n’en désirent pas d’autre, parce que le lac leur offre une retraite sûre pour le brigandage. Aussi les pirates y affluent-ils : l’eau leur tient lieu à tous de rempart ; les nombreux roseaux qui croissent au bord du marais les couvrent comme d’un retranchement. Ils y ont pratiqué un certain nombre de passages sinueux, repliés et contournés à l’infini, faciles pour eux qui les connaissent, mais impraticables et sans issue pour tout autre ; par là ils se sont ménagé un boulevard assuré contre les dangers d’une surprise. Tel est le marais ; telles sont les mœurs de ses habitants.

VII. C’est là qu’arrivèrent vers le coucher du soleil le chef et ses compagnons. Les jeunes gens furent aussitôt descendus de cheval et le butin disposé dans des barques. On vit alors sortir de tous les coins du marais, se montrer et accourir, comme un nombreux essaim, les brigands qui y étaient restés ils s’avancèrent au devant du chef et l’accueillirent avec les