Page:Zevort - Romans grecs 2.djvu/342

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
332
LUCIUS.


couchette. Je ne sais pas lire, et d’ailleurs ma maîtresse est trës-jalouse à Tendroit de son art. Mais, si roccasion se présente, je tâcherai de te faire voir quelqu’une de ses métamorphoses. » Sur ce, nous nous endormîmes.

XII. Quelques jours après, Palestra m’annonce que sa maîtresse doit se transformer en oiseau, pour s’envoler vers son amant. « Voilà l’occasion, Palestra, lui dis-je, de te montrer bonne fille et de contenter le désir qui me tient depuis longtemps. — Sois tranquille, me dit-elle. » Le soir arrivé, elle vint » me prendre, me conduisit à la porte de la chambre, me dit d’appliquer l’œil à une petite fente et de bien examiner ce qui se passerait à l’intérieur. Je la vis qui se déshabillait. Une fois toute nue, elle s’approcha de la lampe, prit deux grains d’encens qu’elle fit brûler à la flamme, et, debout devant la lampe, lui adressa une longue harangue. Elle ouvrit ensuite une grande armoire qui renfermait une multitude de fioles, et en choisit une. Ce qu’elle contenait, je n’en sais rien du tout ; mais, à l’apparence, il me sembla que c’était de l’huile. Elle s’en frotta tout le corps, depuis le bout des pieds ; et tout aussitôt je lavis se couvrir de plumes ; son nez devint un bec de corne, luisant, crochu : c’était bien un oiseau avec toutes ses dépendances et appartenances, un bon et vrai chat-huant. Quand elle’se vit bien emplumée, elle poussa un cri affreux, vin véritable cri de chat-huant, s’enleva et s’envola par la fenêtre.

XIII. Je me croyais le jouet d’un songe ; je me frottais les paupières avec la main, n’en pouvant croire mes yeux ni me persuader qu’ils voyaient, qu’ils étaient éveillés. Lorsque je me fus bien assuré, non sans peine et sans hésitation, que je ne dormais pas, je priai’Palestra de m’emplumer aussi et de me faire voler à mon tour, en me frottant de cette même drogue. Je voulais m’assurer par moi-même, si dans cette métamorphose, je serais aussi oiseau par l’esprit. Elle ou-