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LUCIUS.


écoute-moi seulement et tout ira bien. Prends-moi râne de ces gueux ; emmone-le à l’écarl, égorge-le et coupe-lui cette même cuisse. Tu rapporteras ici et la serviras bien préparée à notre maître. Jette le reste de râne dans une fondrière ; on croira qu’il s’est sauvé et qu’il a disparu. Vois comme il est en bonne chair et meilleur de tout point que ce sauvage, d Le cuisinier goûta fort l’avis de sa femme : a Parfaitement trouvé, ma femme, dit-il, c’est le seul moyen que j’aie d’échapper au fouet ; ce sera chose faite dans un instant. » Ainsi conspirait avec sa femme, à deux pas de moi, mon infâme cuisinier.

XL. Voyant où tout cela allait aboutir, je trouvai que le mieux pour moi était de me sauver d’abord du couteau. Je brise donc la courroie qui m’attachait, cl » tout en détachant quelques ruades, j’arrive en courant à la salle à manger où mes infâmes dînaient avec lo maître de la maison ; j’entre en gambadant, et en quelques bonds j’ai tout bouleversé, tables et flambeaux. Je me figurais avoir trouvé là une excellente invention pour me tirer d’affaire ; car le maître du logis ne manquerait pas de me faire enfermer aussitôt et garder soigneusement comme un âne dangereux. Mais cette charmante invention me mit, tout au contraire, en grand péril : car, me croyant enragé, les voilà tous d’emblée qui tirent contre moi force épées ; ils s’arment do lances, de longs bâtons, et paraissent bien décidés à me tuer. Voyant l’imminence du danger, je me sauve en courant dans la chambre où devaient coucher mes maîtres. On m’y met sous clé et on ferme solidement les portes par dehors.

XLI. Au point du jour, je partis avec mes mendiants, toujours la déesse sur le dos, et nous arrivâmes à un autre grand l)ourg, bien peuplé. Là ne s’ingénièrent-ils pas d’une nouvelle imagination : c’était de ne point loger leur déesse dans une maison habitée, et de lui donner pour domicile le temple mémo de la