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LUCIUS.


du pied, voire même avec une pierre du chemin. Le soldat, au commencement, se défendait, , et le menaçait, une fois relevé, de le tuer à coups d’épée. Noire homme, averti par cette menace, va au plus sûr ; il lui arrache son épée, la jette au loin, et recommence à frapper, sans lui permettre de se relever. L’autre, voyant qu’il n’y a plus moyen d’y tenir, use de finesse et fait le mort. Le jardinier prend peur, le laisse là couché tel quel, ramasse l'épée, me saute en selle et galope vers la ville.

XLV. Arrivé là, il confie à un sien camarade le soin de son jardin, et, craignant les suites de son aventure de route, il va se cacher chez un de ses amis établi à la ville. Le lendemain, après s’être consultés, ils décident de cacher mon maître dans une armoire : pour moi, on me suspend par les pieds et on me transporte par l’escalier à l’étage supérieur, où l’on m’enferme dans une chambre. Cependant le soldat, s’étant relevé tant bien que mal, à ce qu’on nous dit, revint à la ville, la tête encore alourdie par les coups, et alla trouver ses camarades, à qui il fit part do la folle équipée du jardinier. Ceux-ci l’accompagnent, découvrent notre retraite et amènent avec eux les magistrats de la ville. Les magistrats envoient un de leurs agents dans la maison et enjoignent à tous les habitants de sortir : on obéit ; mais point de jardinier. Pourtant les soldats affirmaient qu’il était caché dans la maison et qu’il avait son âne, — c’était moi, — avec lui. Tout cela ne laissait pas de causer quelque tumulte dans une rue étroite ; on criait, on discutait : moi, bête brute, sottement curieux, je veux savoir qui crie ainsi ; j’avance la tête et je regarde en bas par la fenêtre. On m’aperçoit, on se récrie aussitôt et nos gens sont convaincus de mensonge. Les magistrats entrent dans la maison, font perquisition partout et découvrent enfin mon maître couché dans son coffre. On le prend et on l’envoie en prison pour avoir à rendre compte de son équi-