Page:Zo d'Axa - Les feuilles.djvu/106

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Et, là, M. Fernand Xau intervient.

Le directeur du Journal est méconnu comme homme de lettres : on oublie la correspondance qu’il édite hebdomadairement. Ce n’est pas une page d’amour ; mais bien trois pages de folles annonces où l’oncle réclame la tante, où des petites femmes très bien disent ce qu’elles valent à de vieux messieurs, où de jeunes marcheurs s’entraînent pour s’offrir à dame aisée, où tous les chantages se préparent, et où se trament, éventuellement, de forts galants assassinats.

Sans exciper de l’honneur d’être le collaborateur de Barrès, Rodot rédigeait souvent, dans cette partie du Journal, quelques phrases définitives. À son domicile, on retrouva plus de cent missives reçues par lui à la suite des alléchantes annonces qu’il insérait périodiquement dans cette feuille-Tellier.

— Venez chez moi, répondaient les belles, puisque vous êtes généreux, discret, venez chez moi, noble étranger ; je me parerai pour vous plaire du peu qu’il me reste, hélas ! des bijoux de notre famille. Je suis veuve d’un colonel… Viens, mon gros ; mais que personne ne le sache.

Il faut reconnaître que Rodot était discret comme la tombe.