Page:Zo d'Axa - Les feuilles.djvu/12

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personne, marche à ta haine, à tes joies — aux joies des franchises totales, des risques et de la fierté.

On marche, on agit, on vise, parce qu’un instinct combatif, à la sieste nostalgique vous fait préférer la chasse. Sur la lisière du code, on braconne le gros gibier : des officiers et des juges, des daims ou des carnassiers ; on débusque aux forêts de Bondy le troupeau des politiciens ; on se plaît à prendre au collet le financier ravageur ; on relance à tous les carrefours la gent de lettres domestiquée, plumes et poils, souilleurs d’idées, terreurs de presse et de police.

Lors des querelles entre les sectes, les races ou les partis, chaque jour, au hasard des faits, des coups à porter se précisent : Demandez l’affaire Dreyfus ! ou la manière de traiter la Magistrature et l’Armée comme elles le méritent… Fêtons l’hermine et la garance ! Les démolisseurs conscients ne se spécialisèrent pas : tour à tour, selon la rencontre, ils pointèrent de droite et de gauche.

Durant le même temps, l’esprit de corps donna de jolis résultats : les magistrats, les militaires, les costumés, la livrée, tous les servants de la Société débinèrent la vieille patronne. L’office en rumeur s’aigrit. Robins, rabbins et curés, les officiants, les officiels, les officiers, les complices