Page:Zo d'Axa - Les feuilles.djvu/242

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— Par pitié ! par pitié, j’ai faim…

Le matin du vingt et unième jour, on le trouva mort dans sa cellule — avec, aux dents, des débris de plâtre que l’enfant avait mâchonné…


Mais, ce n’est là qu’un assassinat dont le directeur, je dois le reconnaître, se montra lui-même affecté. M. Naret blâma le gardien.

Il n’y eut pas, toutefois, d’enquête.

Ce blâme directorial, ce blâme public d’un gardien devant les enfants assemblés, était d’ailleurs sans précédent dans les annales de la Colonie.

Le scandale n’alla pas plus loin.

Par exemple, ce que M. Naret, d’accord avec le règlement, n’appelle pas un scandale, trouve naturel et congru, c’est le régime cellulaire, appliqué selon le tarif : une soupe tous les quatre jours, nous l’avons dit, plus une demi-boule de son chaque matin — 500 grammes de pain : son et paille.

Tel est l’ordinaire fixé pour les jeunes « colons » punis.

Et notez que les petits êtres que l’on soumet à ce régime, ont été punis le plus souvent pour des fautes dans le genre de celles-ci : ils ont causé pendant le travail. Ils ont ri pendant le repos. Ils ont ri…