Page:Zo d'Axa - Les feuilles.djvu/243

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Pauvres gamins de nos rues qui couraient l’école buissonnière, jeunes vagabonds sans famille, qu’arrêta le sergot, un soir, et que, le lendemain, un magistrat dépêcha sur la Colonie, pour y attendre leurs vingt ans… Ils ont ri !

Peut-être bien était-ce dans les premiers jours de leur incarcération, étonnés, presque inconscients, ne se rendant pas compte encore, amusés de la mascarade qui tout à coup, les défigure. Dès leur arrivée, en effet, on les affuble d’un costume fabriqué de pièces en deux couleurs : une manche, un côté de la veste est bleu, l’autre côté blanc. De même pour le pantalon : une jambe est blanche, l’autre est bleue.

Puis, le perruquier s’empare d’eux et s’occupe de leur coiffure : une raie, d’abord, au milieu. Le rasoir fait tomber, ensuite, la moitié de la chevelure. À droite le crâne apparaît comme affligé de pelade, tandis que des mèches insoumises se dressent sur le côté gauche…

Et les petits s’en vont ainsi, matriculés et flétris. Ils vont, blancs et bleus, chauves à demi, tels des arlequins lépreux, des pauvres pantins disloqués…

Ils vont vers les ateliers où ce sera les travaux forcés.