Page:Zo d'Axa - Les feuilles.djvu/36

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de syndicats — sans plus parler de celui de la presse.


Cette lamentable affaire Dreyfus (tout le monde répète : lamentable) n’est aussi lamentable en somme que par les dessous qu’elle révèle. Il n’y a plus de respect, il n’y a plus de discipline. Tout s’en va…

Tout s’en va comme les documents importants de notre armoire nationale.

Le sentiment de la hiérarchie file au petit galop de manège.

Le capitaine dit au commandant :

— On sait qui vous êtes, fripouille !

Le commandant dit au colonel :

— Je m’en vais te régler ton compte.

Quel spectacle devant l’étranger !

Et tout se sait, tout se colporte, tels des secrets professionnels. La place me manquerait pour donner la liste, même sans commentaires, des personnages dont on se permet de livrer la vie, les paroles, les gestes, en pâture à de malsaines curiosités. Les plus honorables, les plus loyaux soldats n’y échappent pas. Depuis le commandant-comte Esterhazy jusqu’au général Mercier, en passant par le colonel Picquart, les commandants de Saint-Morel et Forzinetti, le major