Page:Zo d'Axa - Les feuilles.djvu/85

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Essayer d’arracher aux foules une des victimes de leur lynchage déchaîne des colères de bêtes auxquelles on enlève la proie.

Rien n’apparaît plus écœurant que la ruée de ces galopins se mettant à cinq ou six cents pour conspuer les hommes qui osent. On dit que dans ce tas hurleur se comptent des étudiants.

Le contraire me surprendrait.

Tous les apprentis-huissiers, fils d’huissiers, les sous-notaires, putois, bourgeois comme père et mère, chassent de race et gueulent d’ensemble.

Les alcooliques des Tire-Cu, cannes d’entraînement et dents cariées, ont des moulinets hardis quand ils sont soixante contre un. Tous les Cyrano de brasseries, avant de retourner à Bergerac, rêvent d’épater les parisiens…

Les électeurs de Meudon qui, l’autre jour, massacrèrent un vieux cocher, étaient peut-être dirigés par quelque employé de l’octroi qui étudia au Boul’Mich. Le vieux cocher s’appelait Carrara comme le célèbre champignonniste. Il n’en fallut pas davantage pour que la population, après l’avoir injurié, le rouât de coups si copieusement que le malheureux est, aujourd’hui, mourant sur un lit d’hospice…

Avec un entrain comparable à celui de soldats en bordée maniant le coupe-choux contre un