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À NINON



Les voici donc, mon amie, ces libres récits de notre jeune âge, que je t’ai contés dans les campagnes de ma chère Provence, et que tu écoutais d’une oreille attentive, suivant vaguement du regard les grandes lignes bleues des collines lointaines.

Les soirs de mai, à l’heure où la terre et le ciel s’anéantissaient avec lenteur dans une paix suprême, je quittais la ville et gagnais les champs : les coteaux arides, couverts çà et là de ronces et de genévriers ; ou bien les bords de la petite rivière, ce torrent de décembre, si discret aux beaux jours ; ou encore un coin perdu de la plaine, tiède des embrasements de midi, vastes terrains jaunes et rouges, plantés d’amandiers aux branches maigres, de vieux oliviers grison-