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ET DU PETIT MÉDÉRIC

belles guerres aux quatre coins du monde, qui vous rapporteront des coups et de l’honneur. Je vous égayerai, au dedans, par de grands tas de décombres et une éternelle poussière de plâtre. Je ne vous ménagerai pas non plus les discours et je les prononcerai les plus vides possible, aiguisant ainsi les esprits curieux qui auront la bonne volonté d’y chercher ce qui n’y sera pas. Aujourd’hui, c’en est assez ; je meurs de soif. Mais, en finissant, je vous fais la promesse de traiter prochainement la grave difficulté du budget ; c’est une matière qui a besoin d’être préparée longtemps à l’avance, pour être embrouillée à point et obscure suivant la convenance. Peut-être auriez-vous aussi le désir de m’entendre causer religion. Ne voulant pas vous tromper dans votre attente, je dois vous déclarer, dès à présent, que je compte ne jamais m’expliquer sur ce sujet. Épargnez-moi donc des demandes indiscrètes, ne me pressez jamais d’avoir un avis en cette matière, qui m’est particulièrement désagréable. Sur ce, mes bien-aimés sujets, que Dieu vous tienne en joie. »

Tel fut le discours de Médéric. Tu entends de reste que je t’en donne ici un résumé succinct, car il dura six heures d’horloge, et les limites de ce conte ne me permettent point de le transcrire en entier. L’orateur ne devait-il pas allonger ses phrases, cadencer ses périodes, et noyer si bien ses pensées dans un déluge de mots, que le sens en puisse échapper au peuple qui l’écoutait ? En tous cas, mon résumé est conforme au