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Page:Zola - Contes à Ninon, 1864.djvu/233

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ET DU PETIT MÉDÉRIC

Enfin les grands dignitaires le conduisirent à son palais, sorte de grange monumentale, haute d’une quinzaine de mètres, et devant laquelle les écoliers tiraient leurs chapeaux. Les fourmis saluent ainsi les cailloux du chemin. Sidoine, qui se servait d’une pyramide en guise d’escabeau, témoigna par un geste expressif combien il trouvait le logis insuffisant, et Médéric déclara de sa voix la plus douce avoir remarqué, aux portes de la ville, un vaste champ de blé, demeure plus digne d’un grand prince. Les épis lui feraient une belle couche dorée, d’une merveilleuse souplesse, et il aurait pour ciel de lit les larges rideaux célestes que les clous d’or du bon Dieu retiennent aux murs du paradis.

Comme le peuple était très-friand de spectacles et de mascarades, il déclara, désirant se rendre populaire, abandonner l’ancien palais aux montreur d’ours, danseurs de corde et diseurs de bonne aventure. De plus, il y serait établi un théâtre de marionnettes, toutes d’une exécution parfaite, au point de les prendre pour des hommes. La foule accueillit cette offre avec reconnaissance.

Lorsque la question du logement fut vidée, Sidoine se retira, ayant hâte de se mettre au lit. Il ne tarda pas à remarquer, derrière lui, une troupe de gens armés qui le suivaient avec respect. En bon roi, il les prit pour des soldats enthousiastes et ne s’en soucia pas davantage. Cependant, quand il se fut voluptueusement étendu sur sa couche de paille fraîche, il vit les soldats se poster