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Page:Zola - Contes à Ninon, 1864.djvu/234

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AVENTURES DU GRAND SIDOINE

aux quatre coins du champ, et, l’épée au poing, se promener de long en large. Cette manœuvre piqua sa curiosité. Il se dressa à demi, et Médéric, comprenant son désir, appela un des hommes, qui s’était avancé tout proche de l’oreiller royal.

— Hé ! l’ami, cria-t-il, pourrais-tu me dire ce qui vous force, tes compagnons et toi, à quitter vos lits à cette heure, pour venir rôder autour du mien ? Si vous avez de méchants projets sur les passants, il est peu convenable d’exposer votre roi à servir de témoin pour vous faire pendre, et si ce sont vos belles que vous attendez, certes je m’intéresse à l’accroissement du nombre de mes sujets, mais je ne veux en aucune façon me mêler de ces détails de famille. Ça, franchement, que faites-vous ici ?

— Sire, nous vous gardons, répondit le soldat.

— Vous me gardez ? et contre qui, je vous prie ? Les ennemis ne sont pas aux frontières, que je sache, et ce n’est point avec vos épées que vous me protégerez des moucherons. Voyons, parle. Contre qui me gardez-vous ?

— Je ne sais pas, Sire. Je vais appeler mon capitaine.

Lorsque le capitaine fut arrivé et qu’il eut entendu la demande du roi :

— Bon Dieu ! Sire, s’écria-t-il, comment Votre Majesté peut-elle me faire une question aussi simple ? Ignore-t-elle ces menus détails ? Tous les rois se font garder contre leurs peuples. Il y a ici cent braves qui