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AVENTURES DU GRAND SIDOINE

— Or ça, mon mignon, dit-il en sautant à terre, et notre peuple ?

Sidoine, à cette question, éclata de plus belle en gémissements, dodelinant de la tête et se barbouillant le visage de ses larmes.

— Bah ! reprit Médéric, notre peuple serait-il mort ? L’aurais-tu massacré dans un moment d’ennui, réfléchissant que les peuples rois sont sujets aux abdications tout comme les autres monarques ?

— Frère, frère, sanglota Sidoine, notre peuple s’est mal conduit.

— Vraiment ?

— Il s’est mis en colère à propos de rien…

— Le vilain !

— … et m’a jeté à la porte…

— Le grossier !

— … comme jamais grand seigneur n’a jeté un laquais.

— Voyez-vous l’aristocrate !

À chaque virgule, Sidoine poussait un profond soupir. Lorsqu’il rencontra un point dans sa phrase, son émotion étant au comble, il fondit de nouveau en larmes.

— Mon mignon, reprit Médéric, il est triste, sans doute pour un maître d’être congédié par ses valets, mais je ne vois pas là matière à tant se désoler. Si ta douleur ne me prouvait une fois de plus l’excellence de ton âme et ton ignorance des rapports sociaux, je te gronderais de t’affliger ainsi d’une aventure très-fré-