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Page:Zola - Contes à Ninon, 1864.djvu/318

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AVENTURES DU GRAND SIDOINE

nement se peignit dans ses gros yeux bleus, et, comme un homme qui découvre enfin une vérité :

— Eh ! mais, cria-t-il, tu l’as dit, mon coup de poing est absurde. On ne doit tuer que pour manger. Voilà un précepte éminemment pratique et ayant au plus haut point cette justice relative et humaine dont tu m’as parlé. Les hommes devraient le faire écrire en lettres d’or sur les murs de leurs tribunaux et sur les drapeaux de leurs armées. Hélas ! mes pauvres poings ! On ne doit tuer que pour manger.



XII

Morale


Le soleil venait de disparaître derrière les collines du couchant. La terre, voilée d’une ombre douce, sommeillait déjà à demi, rêveuse et mélancolique. Au-dessus des horizons, s’étendait un ciel blanc, sans transparence. Il est une heure, chaque soir, d’une profonde tristesse : la nuit n’est pas encore, la lumière s’éteint lentement, comme à regret ; et l’homme, dans cet adieu, se sent au cœur une vague inquiétude, un besoin immense d’espérance et de foi. Les premiers rayons du matin mettent des chansons sur les lèvres ; les derniers rayons du soir mettent des larmes dans les yeux. Est-ce la pensée désolante du labeur sans