Aller au contenu

Page:Zola - Contes à Ninon, 1864.djvu/32

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
22
SIMPLICE

Maintenant, il se levait avec l’aurore et courait les taillis jusqu’au soir. Il écartait doucement les branches et visitait chaque buisson. Il levait la feuille et regardait dans son ombre.

— Que cherche donc notre élève ? demandait l’aubépine à la mousse.

La libellule, étonnée de l’abandon de son amant, le crut devenu fou d’amour. Elle vint lutiner autour de lui. Mais il ne la regarda plus. Les grands arbres l’avaient bien jugée : elle se consola vite avec le premier papillon du carrefour.

Les feuillages étaient tristes. Ils regardaient le jeune prince interroger chaque touffe d’herbe et sonder du regard les longues avenues ; ils l’écoutaient gémir et se plaindre de la profondeur des broussailles, et ils disaient : « Simplice a vu Fleur-des-eaux, l’ondine de la source. »


VI

Fleur-des-eaux était fille d’un rayon et d’une goutte de rosée. Elle était si limpidement belle, que le baiser d’un amant devait la faire mourir ; elle exhalait un parfum si doux, que le baiser de ses lèvres devait faire mourir un amant.

La forêt le savait, et la forêt jalouse cachait son enfant adorée. Elle lui avait donné pour asile une fon-