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LA FÉE AMOUREUSE




Entends-tu, Ninon, la pluie de décembre frapper nos vitres ? Le vent se plaint dans le long corridor. C’est une vilaine soirée, une de ces soirées où le pauvre grelotte à la porte du riche que le bal entraîne dans ses danses, sous les lustres dorés. Laisse là tes souliers de satin et viens t’asseoir sur mes genoux, près de l’âtre brûlant. Laisse là ta riche parure : je veux ce soir te dire un conte, un beau conte de fée.

Tu sauras, Ninon, qu’il y avait autrefois, sur le haut d’une montagne, un vieux château sombre et lugubre. Ce n’étaient que tourelles, que remparts, que ponts-levis chargés de chaînes ; des hommes couverts de fer veillaient nuit et jour sur les créneaux, et seuls les sol-