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Page:Zola - Contes à Ninon, 1864.djvu/90

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LA FÉE AMOUREUSE

couronne de myosotis et une longue robe verte, couleur de l’espérance.

— Odette, dit-elle harmonieusement, je suis la fée Amoureuse. C’est moi qui t’ai envoyé ce matin Loïs, le jeune homme à la voix douce ; c’est moi qui, voyant tes pleurs, ai voulu les sécher. Je vais par la terre, glanant des cœurs et rapprochant ceux qui soupirent. Je visite la chaumière aussi bien que le manoir, et parfois je me plais à unir la houlette au sceptre des rois. Je sème des fleurs sous les pas de mes protégés, je les enchaîne avec des fils si brillants et si précieux que leurs cœurs en tressaillent de joie. J’habite les herbes des sentiers, les tisons étincelants du foyer d’hiver, les draperies du lit des époux ; et partout où mon pied se pose, naissent les baisers et les tendres causeries. Ne pleure plus, Odette : je suis Amoureuse, la bonne fée, et je viens sécher tes larmes.

Et elle rentra dans sa fleur, qui redevint bouton en repliant ses feuilles.

Tu le sais bien, toi, Ninon, que la fée Amoureuse existe. Vois-la danser dans notre foyer, et plains les pauvres gens qui ne croiront pas à ma belle fée.

Lorsque Odette s’éveilla, un rayon de soleil éclairait sa chambre, un chant d’oiseau montait du dehors, et le vent du matin caressait ses tresses blondes, parfumé du premier baiser qu’il venait de donner aux fleurs. Elle se leva, joyeuse, et passa la journée à chanter, espérant en ce que lui avait dit la bonne fée. Elle regardait par instants la campagne, souriant à