Page:Zola - Fécondité.djvu/122

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— Il fait bon, il fait chaud, fit remarquer Ambroise, qui aimait ses aises.

Denis, le sage, se mit à expliquer des choses, pourquoi on avait fait tant de bruit.

— Blaise a dit qu’il avait vu une araignée. Alors, il a eu peur.

Vexé, son frère l’interrompit.

— C’est pas vrai… J’ai vu une araignée. Alors, j’ai jeté mon oreiller pour la tuer.

— Moi aussi ! Moi aussi ! bégaya Rose, reprise de fou rire. Comme ça, mon oreiller, houp ! houp !

Tous se tordaient, étouffaient de nouveau, en trouvant ça très drôle. La vérité était donc qu’ils s’étaient battus à coups d’oreiller, sous prétexte de tuer une araignée, que, seul, Blaise racontait avoir vue, ce qui rendait la chose douteuse. Et toute la nichée était si bien portante, si fraîche, la mère et les enfants, dans une splendeur de chairs roses et pures, baignée de clair soleil, que le père ne put résister au besoin tendre de les prendre tous dans ses bras, en tas, et de les baiser tous au petit bonheur de ses lèvres, grand joujou final qui les fit se pâmer, au milieu d’une explosion nouvelle de cris et de rires.

— Oh ! qu’on s’amuse ! Oh ! qu’on s’amuse !

— Voyons, dit la mère, en réussissant à se dégager un peu, je veux pourtant me lever. Ce n’est pas si bon pour moi, de faire la paresseuse. Et puis, il faut débarbouiller et habiller ces enfants.

La toilette se fit devant le grand feu flambant. Il était près de dix heures, lorsque la famille, avec plus d’une heure de retard, descendit dans la salle à manger, où le poêle de faïence ronflait, tandis que le lait chaud du premier déjeuner fumait sur la table. Le pavillon se composait, au rez-de-chaussée, d’une salle à manger et d’un salon à droite du vestibule, d’un cabinet de travail et d’une cuisine à gauche. Et cette salle à manger, qui,