Page:Zola - Fécondité.djvu/152

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lui, il en arrivait tout de suite aux suppositions ignobles, l’accusant de s’être livrée à quelque domestique, ou bien d’avoir fait monter un passant de la rue. Quant à Santerre, ce n’était que le bon ami, qu’il avait voulu, un jour, faire entrer chez sa femme, pendant qu’elle était au bain, pour lui montrer comme elle était drôle dans l’eau.

— Ce qu’il se moque de toi ! dit-il.

Mais Valentine avait remercié Santerre d’un regard d’infinie gratitude. Elle se souviendrait.

Santerre, après avoir serré la main de Mathieu, s’était incliné devant Marianne, que la maîtresse de la maison lui présenta. Cette deuxième femme enceinte, ces deux femmes grosses, attablées ainsi face à face, flanquées des deux maris, durent lui sembler d’un comique particulier, car il dissimula l’ironie de son sourire sous un redoublement d’amabilité, s’excusant de venir trop tôt, lorsque le monde déjeunait. Puis, comme Séguin se fâchait de la lenteur du service, sa femme se permit de dire que c’était lui qui avait tout mis en retard, en se faisant attendre. Une querelle faillit éclater encore.

Le café et les liqueurs furent apportés sur une autre table de la vaste pièce, après que le maître d’hôtel eut enlevé vivement le couvert. Et, de nouveau, Valentine s’allongea, de son air de langueur, parmi les fourrures d’un divan, en priant ses convives de se servir eux-mêmes, puisqu’elle ne pouvait remplir son rôle. Mais, tout de suite, Marianne s’offrit, fit le service avec une gaie complaisance, heureuse, expliquait-elle, de se tenir un peu debout. Après le café, elle versa des petits verres de cognac, et permission fut donnée aux hommes de fumer.

— Ah ! mon cher, dit Santerre brusquement, en s’adressant à Séguin, vous ne vous imaginez pas les belles opérations auxquelles j’ai assisté, ces jours-ci, à la clinique du docteur Gaude.