Page:Zola - Fécondité.djvu/202

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ténèbres, qu’on n’en saurait dire le nombre effroyable, grandissant de jour en jour. Filles séduites qui ne peuvent dénoncer le père dans le séducteur, servantes pour qui l’enfant est une charge inacceptable, femmes mariées qui refusent d’être mères, avec ou sans le consentement du mari, toutes venaient furtivement à ce gouffre, toutes finissaient par ce bouge de honte scélérate, atelier de perversion et de néant. La faux abjecte des avorteuses, la tringle de rideau passait sans bruit, des milliers d’existences coulaient au ruisseau, en une débâcle de boue.

Tandis que, sous le clair soleil, le flot des êtres poussait et débordait, dans le bouillonnement continu de la sève, les petites mains sèches de la Rouche écrasaient des germes, au fond de son trou obscur, qui empoisonnait le graillon et le sang. Et il n’y avait pas de profanation plus criminelle, d’injure plus ignoble à l’éternelle fécondité de la terre.