Page:Zola - Fécondité.djvu/203

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Marianne, ce matin-là, le 2 mars, sentit les premières douleurs dès la pointe du jour. Et elle ne voulut pas d’abord réveiller Mathieu, qui dormait près d’elle, dans son petit lit de fer. Puis, vers sept heures, comme elle l’entendit remuer, elle crut sage cependant de le prévenir. Il s’était soulevé, pour lui baiser la main, qu’elle laissait pendre, en dehors de ses draps.

« Oui, oui, mon bon chéri, aime-moi, gâte-moi… Je crois bien que c’est pour aujourd’hui. »

Depuis trois jours, ils attendaient, s’étonnant déjà du léger retard. Et il fut sur pied en une seconde, il s’effara.

« Tu souffres ? »

Mais elle se mit à rire, pour le rassurer.

« Non, pas encore trop. Ça commence un peu… Ouvre la fenêtre, arrange tout. Nous allons bien voir. »

Quand il poussa les persiennes, un gai soleil envahit la chambre. Le vaste ciel matinal était d’un bleu tendre délicieux, sans un nuage. Un tiède souffle de printemps précoce entra, tandis qu’on voyait, dans un jardin voisin, un bouquet de grands lilas déjà verts, d’une délicatesse de dentelle.

« Vois donc, vois donc, mignonne, comme il fait beau ! Ah ! quelle chance ! il va naître dans le soleil, le cher petit ! » Puis, avant de s’habiller, il revint s’asseoir près d’elle,