Page:Zola - Fécondité.djvu/285

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sans parler des lois de protection ni des secours d’allaitement. Pour combattre le mal, affreux déchet des naissances, la mort soufflant par rafales sur les tout-petits, il n’existait qu’un moyen énergique, le prévenir.

C’était uniquement par des mesures préventives qu’on arrêterait l’effroyable hécatombe des nouveau-nés, cette plaie constamment ouverte au flanc de la nation, et qui l’épuise, et qui la tue un peu chaque jour.

« Et, continua le docteur, tout ceci peut se résumer en cette vérité que la mère doit nourrir son enfant… Dans notre démocratie, la femme, dès qu’elle est enceinte, devient auguste. C’est elle qui est le symbole de toute grandeur, de toute force, de toute beauté. La vierge n’est que néant, la mère est l’éternité de la vie. Il lui faut un culte social, elle devrait être notre religion. Quand nous saurons adorer la mère, la patrie d’abord, puis l’humanité seront sauvées… C’est pourquoi je voudrais, mon ami, que cette image d’une mère allaitant son enfant soit la plus haute expression de la beauté humaine. Ah ! comment donc persuader à nos Parisiennes, à toutes nos Françaises, que la beauté de la femme est d’être mère, avec un enfant sur les genoux ? Le jour où cette mode-là prendrait, comme celle de la coiffure en bandeaux ou celle des jupes étroites, nous serions la nation reine, maîtresse du monde ! »

Il finissait par rire douloureusement, dans son désespoir de ne savoir comment changer les mœurs, pour mettre à la mode les familles nombreuses, n’ignorant pas qu’on ne révolutionne un peuple que par la conception changeante de la beauté. Et il conclut :

« En somme, pour moi, il n’y a donc que l’allaitement par la mère. Toute mère qui n’allaite pas, pouvant le faire, est une grande coupable… Ensuite, lorsque certains cas se présentent, lorsque la mère est dans