— Il y a, mon ami, que je viens de trouver Marie ivre comme un portefaix, tombée en travers du berceau, et si malheureusement qu’elle étouffait la petite. Quelques minutes plus tard, c’était fini… Ivre à dix heures du matin, comprend-on ça ? Je m’étais bien aperçue qu’elle buvait, je cachais les liqueurs, j’espérais encore la garder, car son lait est excellent. Et vous ne savez pas ce qu’elle a bu ? l’alcool à brûler pour le réchaud, la bouteille vide était restée près d’elle.
— Mais enfin que t’a-t-elle dit ?
— Elle a voulu me battre, tout simplement. Comme je la secouais, elle s’est jetée sur moi, ivre furieuse, avec des mots ignobles. Et je n’ai eu que le temps de me sauver en emportant la petite, pendant qu’elle se barricadait dans la chambre, où elle est en train de casser les meubles… Tiens, écoute. »
En effet, à travers les murs, arrivait un lointain bruit de massacre. Tous se regardèrent il y eut un gros silence d’embarras et de crainte.
« Alors ? finit par demander Séguin d’une voix sèche.
— Alors, mon ami, que veux-tu que je te dise ? C’est une bête fauve que cette femme, je ne puis pourtant pas lui laisser Andrée pour qu’elle nous la tue. J’ai apporté l’enfant, et je ne vais pas la lui reporter, bien sûr… Je t’avoue que ce n’est même pas moi qui me risquerai à rentrer dans sa chambre… Il va falloir que tu la jettes à la porte, après lui avoir réglé son compte.
— Moi, moi ! » cria-t-il.
Puis, s’étant mis à marcher, se fouettant d’une colère qui montait, il éclata.
« Tu sais que je commence à en avoir assez, de toutes ces histoires idiotes. Avec ta grossesse, avec tes couches, avec tes nourrices maintenant, la maison est devenue impossible, on finira par s’y battre du matin au soir… D’abord, on a prétendu que la première, celle que je