Page:Zola - Fécondité.djvu/423

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mur. Puis, à toutes mes questions, elle a répété dix fois, vingt fois qu’elle voulait entrer au couvent, sans autre explication, la face blanche comme un linge, les yeux fixes… Que pensez-vous de cette nouvelle lubie ?

— Mais, demanda le docteur, ne s’est-il rien passé cette nuit, hier soir ?

— Cette nuit, non, rien à ma connaissance… Hier soir, non plus. La soirée a été fort calme. J’étais seule à la maison, je ne suis pas sortie ; et, notre ami Santerre étant venu de bonne heure me demander une tasse de thé, je me suis réfugiée avec lui dans mon petit salon, après avoir embrassé les enfants, pour qu’ils ne nous cassent pas la tête… Ils ont dû se coucher comme à leur habitude.

— A-t-elle dormi, ne s’est-elle pas plainte ?

— Ça, je n’en sais rien. Elle n’a pas l’air de souffrir. Je ne la crois pas malade, car vous pensez bien que je me serais privée de sortir cet après-midi, si j’avais eu la moindre inquiétude sérieuse. Seulement, j’ai voulu tout de même vous consulter, tant cela me suffoque, une pareille obstination à ne plus vouloir quitter son lit… Passons dans sa chambre, docteur, et grondez-la-moi bien fort remettez-la-moi vivement sur pied. »

À son tour, Séguin venait de rentrer. Il avait écouté les dernières paroles de sa femme, il se contenta de donner une poignée de main silencieuse à Boutan, que celle-ci emmenait. Puis, il s’excusa, lui aussi, auprès de Mathieu.

« Pardonnez-moi, cher monsieur Froment, de vous avoir fait attendre. J’ai un cheval malade, un coureur extraordinaire, en qui j’avais mis de gros espoirs. Enfin tout va mal… Causons de notre affaire, où j’ai d’ailleurs totalement échoué. »

Et il s’emporta contre Lepailleur, qui avait demandé de ses quelques hectares de landes, la fâcheuse enclave,