Page:Zola - Fécondité.djvu/432

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fuir, dans une débâcle éperdue de sa pudeur, montrant ses épaules maigres, son corps gracile de petite femme en formation. Et elle grelottait de terreur, et elle devenait folle de l’ignominie du monde, sanglotante, bégayante.

Puis, quand elle crut qu’il allait la prendre, qu’il la tenait, qu’il l’embrassait, elle lâcha, dans une nausée, le secret honteux qui la tenait, depuis le matin, glacée, muette, s’obstinant à ne plus vivre…

« Ne m’embrassez pas ! jamais, jamais plus !… Je vous dis que je vous ai vu, hier soir, dans le petit salon, avec maman… Ah ! la saleté, la saleté ! »

Santerre, blêmissant, recula. Il sembla qu’un silence, qu’un froid de mort tombaient du plafond. Tous, béants, attendirent, sans un geste pour empêcher maintenant l’inévitable, l’irréparable.

Lucie, exaspérée, affolée, continuait :

« C’est Nono qui est venue me chercher, comme j’allais m’endormir, pour me montrer quelque chose de drôle… Elle a percé un gros trou dans la porte, Nono, et elle s’amuse à regarder, le soir… Moi, j’ai pensé que Gaston faisait quelque bêtise avec Andrée, j’y suis allée pieds nus, en chemise. Et ce que j’ai vu, ce que j’ai vu… Oh ! je suis trop malheureuse, qu’on m’emmène au couvent, qu’on m’emmène au couvent tout de suite ! »

Elle retomba dans le lit, elle ramena toute la couverture comme pour s’y ensevelir, se tournant vers le mur, ne voulant plus ni voir ni entendre. Et lorsque les longs frissons qui l’agitaient encore eurent cessé, elle parut morte.

Sous le coup de la révélation publique, sortie d’une telle bouche, Séguin avait eu un flot de sang aux yeux, un réveil de cette jalousie brutale qui le faisait rêver d’égorgement, et déjà, négligeant Santerre, livide, il s’était tourné vers Valentine, si menaçant que Mathieu s’apprê