Page:Zola - Fécondité.djvu/466

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qui réussit admirablement. L’arche de vie pullula, s’augmenta de ces centaines de bêtes, déborda bientôt au travers des grands arbres. Il y eut une poussée nouvelle de fécondité, les étables décuplées, des bergeries créées, des fumiers par tombereaux, qui engraissèrent les terres d’une fertilité formidable. Des enfants, des enfants toujours pouvaient naître, le lait ruisselait à flots, les troupeaux sans fin étaient là pour les vêtir et les nourrir. À côté des moissons mûres, les bois roulaient leurs ombrages, frémissants des semences éternelles qui germaient dans leur ombre, sous l’éclatant soleil. Et il ne restait qu’un lot à conquérir, celui des dernières pentes sablonneuses, à l’est, pour que le royaume fût complet. Cela payait toutes les anciennes larmes, tous les soucis cuisants des premiers ans de labeur.

Puis, pendant que Mathieu achevait sa conquête, Marianne, au cours de ces deux années, eut la joie de marier son premier enfant, lorsqu’elle-même était enceinte, près d’enfanter encore. Comme la bonne terre, elle restait féconde, même aux jours de maturité où la semence, sortie de ses flancs, allait faire œuvre de vie à son tour. Ce mariage de Blaise, à dix-neuf ans, épousant une adorable fille de dix-huit ans, tout un amour d’une fraîcheur de bouquet, né par les sentiers fleuris de Chantebled, dès leur douzième année, fut une délicieuse fête, d’espérance infinie. Les huit autres enfants étaient là : les grands frères, Denis, Ambroise, Gervais, qui terminaient leurs études ; Rose, la fille aînée, dont les quatorze ans promettaient une femme de saine beauté, de gaieté heureuse ; puis, Claire enfant encore, Grégoire à peine entré au lycée, sans compter les deux toutes petites, Louise et Madeleine. On accourut par curiosité des villages voisins, pour voir le gai troupeau mener le grand frère à la mairie. Ce fut un cortège merveilleux, des fleurs, des chairs de printemps, une félicité, dont les