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Page:Zola - Fécondité.djvu/528

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s’était-elle jetée dans ses bras, avec des grosses larmes de gratitude et d’aveu. Valentine, pressentie, témoigna d’abord quelque surprise : un fils des Froment ? ils leur avaient pris Chantebled, voulaient-ils donc leur prendre encore l’une de leurs filles ? Puis, elle ne trouva aucune objection raisonnable, dans la débâcle de fortune où s’effondrait la maison. Jamais elle n’avait aimé Andrée, qu’elle accusait sa nourrice, la Catiche, d’avoir faite sienne, de son lait de bête de ferme. Ainsi qu’elle le disait souvent, ce mouton là, si docile, d’un charme si attendri, n’était pas une Séguin. Tout en ayant l’air de défendre l’enfant, Céleste aigrissait la mère contre elle, lui inspirait le désir qu’un prompt mariage en débarrassât son existence, donnée à d’autres passions. Et du Hordel, après avoir longuement causé avec Mathieu, qui promit son consentement, n’avait plus donc qu’à s’assurer celui de Séguin avant que les parents fissent la demande officielle. Mais il n’était pas facile de trouver Séguin dans des conditions convenables. De semaines furent perdues, on dut calmer Ambroise, devenu très amoureux, averti sans doute, par son génie envahisseur, du futur royaume que cette enfant, si aimante et si simple, lui apportait discrètement, dans un pli de sa robe.

Un jour que Mathieu passait avenue d’Antin, il eut l’idée d’entrer, désireux de savoir si Séguin avait reparu, depuis un brusque départ, une disparition inexpliquée, en Italie, croyait-on. Puis comme il se trouvait seul avec Céleste, l’occasion lui parut excellente pour retrouver la Couteau. Il causa donc un instant, il finit par demander des nouvelles de la meneuse, ayant un ami disait-il, qui cherchait une bonne nourrice.

« Vous tombez bien, répondit obligeamment la femme de chambre, la Couteau doit ramener aujourd’hui un enfant chez notre petite voisine, Mme Menoux. Quatre