Page:Zola - Fécondité.djvu/535

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La Couteau, perplexe, eut un geste d’ignorance, se rendit tout de suite.

« C’est bien possible, il y a peut-être deux apprentis chez Montoir. La maison est forte, et comme voilà des mois que je ne suis pas allée à Saint-Pierre, je n’affirme rien… Enfin, que désirez-vous de moi, monsieur ? »

Très clairement, il lui donna sa mission. Elle prendrait sur l’enfant les renseignements les plus précis, sa santé, son caractère, sa conduite, si l’instituteur avait toujours été content de lui, si son patron se montrait également satisfait, en un mot une enquête complète. Mais, surtout, elle devait la mener de façon que personne ne s’en doutât, ni l’enfant, ni les gens de l’entourage. L’absolu secret.

« Tout cela est facile, monsieur. Je comprends parfaitement, vous pouvez vous fier à moi… Il me faudra un peu de temps, le mieux est que je vous apporte de vive voix le résultat de mes recherches, dans quinze jours, lors de mon prochain voyage à Paris… Et, si vous le voulez bien, vous me trouverez d’aujourd’hui en quinze, à deux heures, dans le bureau de la maison Broquette, rue Roquépine. J’y suis comme chez moi, et c’est une tombe. »

Quelques jours plus tard, comme Mathieu était à l’usine, avec son fils Blaise, il fut aperçu par Constance, qui l’appela, le questionna si directement, qu’il dut lui apprendre ce qu’il avait fait, où en était l’enquête dont elle l’avait chargé. Puis, quand elle sut le rendez-vous pris avec la Couteau, pour le mercredi de la semaine suivante, elle dit de sa voix résolue :

« Venez me chercher, je veux interroger moi-même cette femme… J’ai besoin d’une certitude. »

Rue Roquépine, la maison Broquette, après quinze ans, était restée la même, avec cette unique différence que, Mme Broquette étant morte, sa fille Herminie lui avait succédé.

D’abord, la perte brusque de cette dame blonde,