Page:Zola - Fécondité.djvu/544

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« Maintenant, c’est fini, tout casse entre mes doigts, mon dernier rêve est mort. »

Mathieu, qui lui avait serré la main, attendait qu’elle donnât une adresse, pour la transmettre au cocher. Mais elle restait égarée, ne semblait plus savoir elle-même où elle allait. Puis comme elle lui demandait s’il voulait qu’elle le mît quelque part, il dit qu’il se rendait chez les Séguin. Et, sans doute par terreur de se retrouver tout de suite seule, elle eut alors l’idée de faire une visite à Valentine, se souvenant qu’elle ne l’avait pas vue depuis longtemps.

« Montez, nous irons ensemble avenue d’Antin. »

La voiture roula, un lourd silence se fit, ils n’avaient pas une parole à échanger. Pourtant, comme ils arrivaient, elle dit encore, amèrement :

« Vous donnerez à mon mari la bonne nouvelle, vous lui annoncerez que l’enfant a disparu. Ah ! quel soulagement pour lui ! »

En allant chez les Séguin, Mathieu espérait y trouver toute la famille réunie. Huit jours auparavant, Séguin étant enfin revenu, on ne savait d’où, la demande officielle de la main d’Andrée avait pu lui être faite, et il s’était montré charmant, à la suite d’un entretien avec l’oncle du Hordel. On avait même tout de suite fixé la date du mariage, le reculant un peu, l’attardant jusqu’au mois de mai, parce qu’à cette époque les Froment devaient aussi marier leur fille aînée, Rose : ce serait délicieux, on ferait les deux mariages le même jour, à Chantebled. Et, dès ce moment Ambroise, accepté comme fiancé, ravi, put venir chaque soir vers cinq heures, faire sa cour. C’était pourquoi Mathieu comptait bien se rencontrer là avec toute la famille.

Mais, lorsque Constance demanda Valentine, un valet lui dit que Madame était sortie. Et, lorsque Mathieu demanda Séguin, le valet lui répondit que Monsieur