Page:Zola - Fécondité.djvu/575

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— Non, non, nous irons à pied, ça nous débarbouillera un peu la tête. »

Le temps était couvert, et, comme le jour baissait de plus en plus, Ambroise, qui s’était approché de la fenêtre, cria :

« Vous allez être mouillés.

— Bah ! ça menace depuis ce matin, nous aurons bien le temps d’arriver jusqu’à l’usine. »

Il fut entendu que Constance prendrait Charlotte, dans la voiture, pour la mettre chez elle, à la porte du petit pavillon. Rien ne pressait Valentine, elle rentrerait tranquillement avenue d’Antin, à deux pas, dès que le temps se serait éclairci. Et quant à Marianne, quant à Mathieu, ils venaient de céder aux tendres supplications d’Andrée, ils voulaient bien dîner là, passer la journée entière, de façon à ne regagner Chantebled que par le dernier train. Ce serait la fête complète, le jeune ménage en était ravi, dansait et tapait des mains.

Mais le départ des autres fut égayé encore par un incident, une erreur de Constance, qui parut très comique, dans la joie dernière du plantureux déjeuner. Elle s’était tournée vers Denis, elle lui demanda tranquillement, en le regardant de ses yeux pâles :

« Blaise, mon ami, donnez-moi donc mon boa, que j’ai du laisser dans l’antichambre. »

Tout le monde se mit à rire, sans qu’elle en comprît la cause. Et ce fut avec la même tranquillité qu’elle remercia Denis, lorsqu’il lui apporta l’objet.

« Merci, Blaise, vous êtes très aimable. »

Alors, ce fut une explosion, on étouffait, tellement sa paisible assurance semblait drôle. Quoi donc ? Qu’avaient-ils tous à se moquer de la sorte ? Elle finit par soupçonner sa méprise, elle regarda plus attentivement le jeune homme.

« Ah ! oui, ce n’est pas Blaise, c’est Denis… Que