Page:Zola - Fécondité.djvu/651

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Et, pendant les dix années qui s’écoulèrent, la poussée vigoureuse des Froment continua, telle qu’une saine végétation de joie et de force, dans le domaine sans cesse enrichi de Chantebled. À mesure que les fils et les filles grandissaient, des mariages se conclurent, de nouveaux enfants naquirent, toute la moisson promise, tout le pullulement de la lignée conquérante, à l’infini.

D’abord, ce fut Gervais qui épousa Caroline Boucher, la fille d’un grand fermier des environs, une gaie et forte fille blonde, avec de beaux traits, une maîtresse femme faite pour commander à son petit peuple de servantes. Elle avait eu la sagesse, au sortir d’un pensionnat parisien, de n’avoir pas honte de la terre, de se remettre à l’aimer, à vouloir tirer d’elle tout le solide bonheur de sa vie. Elle apportait en dot, du côté de Lillebonne, un lot de prairies, qui élargissait le domaine d’une trentaine d’hectares. Et surtout elle apportait sa belle humeur, sa santé, le courage de se lever tôt, de mener la basse-cour, la vacherie, le ménage entier, en ménagère d’action énergique, toujours debout, couchée la dernière.

Puis, ce fut Claire, dont le mariage avec Frédéric Berthaud, prévu depuis longtemps, finit par s’accomplir. Il y eut des larmes attendries, le souvenir de Rose qu’il avait aimée, qu’il devait épouser, troubla les cœurs, le jour des noces, lorsqu’on longea le petit cimetière de Janville, au