Page:Zola - Fécondité.djvu/682

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Il n’eut qu’un geste large et vague, indiquant l’air autour de lui, la maison entière. Il les savait, c’étaient des choses environnantes qu’on lui avait dites, qu’il avait devinées. Et même il ne se souvenait plus exactement d’où elles pouvaient lui venir. Il les savait.

« Vous comprenez, lorsqu’il y a plus de trente ans qu’on est quelque part, les choses finissent par vous entrer dans la tête… Je sais tout, je sais tout. »

Elle tressaillit, un grand silence régna. Lui, les yeux sur la braise, était retombé dans le passé dolent, qu’il portait en lui, avec sa discrétion de comptable méticuleux. Elle, réfléchissant, pensait que la situation était préférable ainsi, nette, immédiate. Puisqu’il était au courant, elle n’avait qu’à l’utiliser comme un instrument docile, en toute volonté, en toute bravoure.

« Alexandre-Honoré, l’enfant de Rougemont, oui ! c’est ce garçon que je viens de retrouver enfin… Et savez-vous aussi les démarches que j’ai faites, il y a douze ans, désespérée de ne savoir où le prendre, à ce point que je le croyais mort ? »

Il hocha la tête, d’un signe affirmatif, et elle continua, conta, qu’elle avait renoncé depuis longtemps à d’anciens projets, lorsque, brusquement, le destin s’était révélé.

« Imaginez-vous un coup de foudre… C’était le matin du jour où vous m’avez trouvée si émue. Ma belle-sœur Sérafine, qui ne me rend pas visite quatre fois par an, était tombée ici, dès dix heures à ma grande surprise. Elle est devenue très étrange, comme vous savez, et je n’ai pas d’abord écouté l’histoire qu’elle me racontait, un jeune homme qu’une dame lui avait fait connaître, un malheureux jeune homme, perdu par de mauvaises fréquentations, et, qu’il s’agissait de sauver, en venant à son aide. Puis, quel coup ! mon ami, lorsqu’elle a parlé clairement, en me confiant ce qu’un hasard lui avait fait