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Page:Zola - Fécondité.djvu/696

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fenêtre, faisant la nuit, sans qu’on sût pourquoi. Il n’y avait de raisonnable que la chambre de Reine, d’une propreté dévote de sanctuaire, dont les meubles de pitchpin luisaient, frottés chaque jour. Mais où la folie manifeste fut prouvée, ce fut dans la chambre à coucher, changée en musée du souvenir, les murs couverts par les photographies de sa femme et de sa fille. En face de la fenêtre, au-dessus d’une table, le mur disparaissait, il y avait là cette sorte de petite chapelle qu’il avait autrefois montrée à Mathieu, les portraits de Valérie et de Reine, au même âge de vingt ans, telles que deux sœurs jumelles, occupant le centre, entourés symétriquement d’un nombre extraordinaire d’autres portraits, encore de Valérie, encore de Reine, enfants, jeunes filles femmes, dans toutes les positions, dans toutes les toilettes. Et là sur la table, ainsi que sur un autel de religieuse offrande, on trouva plus de cent mille francs, en monnaie d’or, en monnaie d’argent, en sous même, un gros tas, la fortune qu’il économisait depuis tant d’années, à ne plus manger que du pain rassis, comme un pauvre. Enfin, on savait donc où passaient ses économies, il les donnait à ses deux femmes, qui étaient restées sa volonté, sa passion, son ambition. Hanté du remords de les avoir tuées, en rêvant de les rendre riches, il leur réservait cet argent qu’elles avaient tant voulu, qu’elles auraient si ardemment dépensé. Il ne le gagnait encore que pour elles, il le leur apportait, les en comblait, sans en distraire le moindre plaisir égoïste, dans son culte torturé de visions, désireux d’apaiser d’égayer leurs fantômes. Et tout le quartier commenta sans fin l’histoire du vieux monsieur fou qui s’était laissé mourir de misère, à côté d’un vrai trésor, entassé sou à sou sur une table, offert depuis vingt ans aux portraits de sa femme et de sa fille, comme un bouquet.

Vers six heures, lorsque Mathieu vint à l’usine, il