jeune marié, la tête nue, avec une toison de neige, toute sa chevelure qu’il portait rase autrefois, qu’il avait laissée pousser par une coquetterie dernière depuis qu’elle semblait être comme le renouveau du vieil arbre vigoureux. Sa face avait pu se sécher, se rider, usée par l’âge, il gardait quand même ses yeux de jeunesse, ses yeux souriants grands et clairs, vifs et réfléchis, qui disaient toujours l’homme de pensée et d’action, très simple, très gai, très bon. Et Marianne, à quatre-vingt-sept ans, en robe claire d’épousée, se tenait elle aussi très droite, solide et belle encore de sa beauté saine d’autrefois, de ses flancs vigoureux qui avaient porté un monde, de sa poitrine solide qui l’avait nourri. Toute blanche également, le visage adouci éclairé d’une aube dernière sous des bandeaux de soie fine, elle était telle qu’un de ces marbres sacrés dont le temps a raviné les traits, sans pouvoir en détruire la tranquille splendeur de vie, quelque Cybèle féconde, retrouvée dans son ferme dessin, revivant en plein jour, avec la belle humeur tendre de ses grands yeux noirs.
Au bras l’un de l’autre, l’un contre l’autre, en bons époux venus de très loin, ayant marché soixante-dix ans côte à côte sans se quitter jamais, Mathieu et Marianne, les yeux mouillés de larmes, riaient gaiement à leur peuple, à la famille pullulante, née de leur amour, qui continuait à les acclamer.
« Vive le Père ! Vive la Mère !… Longue vie, longue vie au Père et à la Mère ! »
Alors, il y eut la cérémonie du compliment, du bouquet offert. C’était une petite blondine de cinq ans, Rose, qui s’en trouvait chargée. On l’avait choisie comme l’aînée des enfants de la quatrième génération. Elle était la fille d’Angeline, qui était la fille de Berthe, qui était la fille de Charlotte, femme de Blaise. Et, quand les deux ancêtres la virent s’avancer, avec son gros bouquet, leur émotion