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Page:Zola - Fécondité.djvu/737

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redoubla, heureuse dans les larmes, bégayante de souvenirs.

« Oh ! notre petite Rose !… Notre Blaise, notre Charlotte ! »

Tout le passé revivait. On avait donné le nom de Rose à l’enfant, en souvenir de l’autre Rose, tant pleurée, la première partie endormie là-bas, dans le petit cimetière. Et Blaise était allé s’y coucher à son tour, et Charlotte l’y avait suivi. Et, alors, Berthe leur fille, qui avait épousé Philippe Havard, avait eu Angeline. Et, plus tard, Angeline, qui avait épousé Georges Delmas, avait eu Rose. Derrière l’enfant, Berthe et Philippe Havard, Angeline et Georges Delmas, se tenaient debout. C’était tout ce monde que Rose représentait, c’étaient les morts, s’étaient les vivants, une si longue lignée florissante, tant de douleurs et tant de joies, tout ce vaillant travail d’enfantement, tout ce fleuve de vie, qui aboutissait à ce cher ange blond, si frêle, avec des yeux d’aurore ou resplendissait l’avenir.

« Oh ! notre Rose, notre Rose ! »

Rose, pourtant, son gros bouquet entre ses deux menottes, s’était avancée. Depuis quinze jours, elle apprenait un très beau compliment. Le matin encore, elle l’avait récité à sa mère, sans une faute. Mais, quand elle fut là, au milieu de tout ce monde, son exaltation fut telle, qu’elle n’en retrouva pas un mot. Elle ne s’en inquiéta guère, d’ailleurs. C’était déjà une petite personne pleine de bravoure. Et, carrément, elle lâcha son bouquet, elle sauta au cou de Mathieu et de Marianne, en criant de sa voix aiguë, telle qu’une note de flûte :

« Grand-papa, grand-maman, c’est votre fête, et je vous embrasse de tout mon cœur. »

Et ce fut très bien. On trouva même ça beaucoup mieux que le compliment. Des rires encore, des battements de mains, des acclamations retentirent. Et, tout de suite, on se mit à table. Mais c’était une affaire, l’immense table