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GERMINAL.

ment au jeune homme une reconnaissance de ce que la maison, depuis son arrivée, était moins triste.

Comme il descendait du cabinet de toilette, M. Hennebeau trouva justement, dans le vestibule, Paul qui rentrait. Celui-ci avait l’air tout amusé par cette histoire de grève.

— Eh bien ? lui demanda son oncle.

— Eh bien, j’ai fait le tour des corons. Ils paraissent très sages, là-dedans… Je crois seulement qu’ils vont t’envoyer des délégués.

Mais, à ce moment, la voix de madame Hennebeau appela, du premier étage.

— C’est toi, Paul ?… Monte donc me donner des nouvelles. Sont-ils drôles de faire les méchants, ces gens qui sont si heureux !

Et le directeur dut renoncer à en savoir davantage, puisque sa femme lui prenait son messager. Il revint s’asseoir devant son bureau, sur lequel s’était amassé un nouveau paquet de dépêches.

À onze heures, lorsque les Grégoire arrivèrent, ils s’étonnèrent qu’Hippolyte, le valet de chambre, posé en sentinelle, les bousculât pour les introduire, après avoir jeté des regards inquiets aux deux bouts de la route. Les rideaux du salon étaient fermés, on les fit passer directement dans le cabinet de travail, où M. Hennebeau s’excusa de les recevoir ainsi ; mais le salon donnait sur le pavé, et il était inutile d’avoir l’air de provoquer les gens.

— Comment ! vous ne savez pas ? continua-t-il, en voyant leur surprise.

M. Grégoire, quand il apprit que la grève avait enfin éclaté, haussa les épaules de son air placide. Bah ! ce ne serait rien, la population était honnête. D’un hochement du menton, madame Grégoire approuvait sa confiance dans la résignation séculaire des charbonniers ; tandis que Cécile, très gaie ce jour-là, belle de santé dans une