délégués déclarèrent en hâte qu’ils adhéraient au nom des camarades absents. Et ce fut ainsi que les dix mille charbonniers de Montsou devinrent membres de l’Internationale.
Cependant, la débandade commençait. Protégeant la retraite, la veuve Désir était allée s’accoter contre la porte, que les crosses des gendarmes ébranlaient dans son dos. Les mineurs enjambaient les bancs, s’échappaient à la file, par la cuisine et le bûcher. Rasseneur disparut un des premiers, et Levaque le suivit, oublieux de ses injures, rêvant de se faire offrir une chope, pour se remettre. Étienne, après s’être emparé de la petite caisse, attendait avec Pluchart et Maheu, qui tenaient à honneur de sortir les derniers. Comme ils partaient, la serrure sauta, le commissaire se trouva en présence de la veuve, dont la gorge et le ventre faisaient encore barricade.
— Ça vous avance à grand’chose, de tout casser chez moi ! dit-elle. Vous voyez bien qu’il n’y a personne.
Le commissaire, un homme lent, que les drames ennuyaient, menaça simplement de la conduire en prison. Et il s’en alla pour verbaliser, il remmena ses quatre gendarmes, sous les ricanements de Zacharie et de Mouquet, qui, pris d’admiration devant la bonne blague des camarades, se fichaient de la force armée.
Dehors, dans la ruelle, Étienne, embarrassé de la caisse, galopa, suivi des autres. L’idée brusque de Pierron lui vint, il demanda pourquoi on ne l’avait pas vu ; et Maheu, tout en courant, répondit qu’il était malade : une maladie complaisante, la peur de se compromettre. On voulait retenir Pluchart ; mais, sans s’arrêter, il déclara qu’il repartait à l’instant pour Joiselle, où Legoujeux attendait des ordres. Alors, on lui cria bon voyage, on ne ralentit pas la course, les talons en l’air, tous lancés au travers de Montsou. Des mots s’échan-