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LES ROUGON-MACQUART.

terniser avec les soldats ? il faudrait des années et des années encore, sa tentative inutile le désolait, comme s’il avait compté réussir. Mais, brusquement, il comprit le geste de Jeanlin : on venait relever la sentinelle ; et il s’en alla, il rentra en courant se terrer à Réquillart, le cœur crevé une fois de plus par la certitude de la défaite ; pendant que le gamin, galopant près de lui, accusait cette sale rosse de troupier d’avoir appelé le poste pour tirer sur eux.

Au sommet du terri, Jules était resté immobile, les regards perdus dans la neige qui tombait. Le sergent s’approchait avec ses hommes, les cris réglementaires furent échangés.

— Qui vive ?… Avancez au mot de ralliement !

Et l’on entendit les pas lourds repartir, sonnant comme en pays conquis. Malgré le jour grandissant, rien ne bougeait dans les corons, les charbonniers se taisaient et s’enrageaient, sous la botte militaire.