mour qui se débat au bord du viol. Il finit par se vaincre, il lança le couteau derrière lui, en balbutiant d’une voix rauque :
— Relève-toi, va-t’en !
Cette fois, Rasseneur s’était précipité, mais sans trop oser se risquer entre eux, dans la crainte d’attraper un mauvais coup. Il ne voulait pas qu’on s’assassinât chez lui, il se fâchait si fort, que sa femme toute droite au comptoir, lui faisait remarquer qu’il criait toujours trop tôt. Souvarine, qui avait failli recevoir le couteau dans les jambes, se décidait à allumer sa cigarette. C’était donc fini ? Catherine regardait encore, stupide devant les deux hommes, vivants l’un et l’autre.
— Va-t’en ! répéta Étienne, va-t’en ou je t’achève !
Chaval se releva, essuya d’un revers de main le sang qui continuait à lui couler du nez ; et, la mâchoire barbouillée de rouge, l’œil meurtri, il s’en alla en traînant les jambes, dans la rage de sa défaite. Machinalement, Catherine le suivit. Alors, il se redressa, sa haine éclata en un flot d’ordures.
— Ah ! non, ah ! non, puisque c’est lui que tu veux, couche avec lui, sale rosse ! Et ne refous pas les pieds chez moi, si tu tiens à ta peau !
Il fit claquer violemment la porte. Un grand silence régna dans la salle tiède, où l’on entendit le petit ronflement de la houille. Par terre, il ne restait que la chaise renversée et qu’une pluie de sang, dont le sable des dalles buvait les gouttes.