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IV


Quand ils furent sortis de chez Rasseneur, Étienne et Catherine marchèrent en silence. Le dégel commençait, un dégel froid et lent, qui salissait la neige sans la fondre. Dans le ciel livide, on devinait la lune pleine, derrière de grands nuages, des haillons noirs qu’un vent de tempête roulait furieusement, très haut ; et, sur la terre, aucune haleine ne soufflait, on n’entendait que l’égouttement des toitures, d’où tombaient des paquets blancs, d’une chute molle.

Étienne, embarrassé de cette femme qu’on lui donnait, ne trouvait rien à dire, dans son malaise. L’idée de la prendre et de la cacher avec lui, à Réquillart, lui semblait absurde. Il avait voulu la conduire au coron, chez ses parents ; mais elle s’y était refusée, d’un air de terreur : non, non, tout plutôt que de se remettre à leur charge, après les avoir quittés si vilainement ! Et ni l’un ni l’autre ne parlaient plus, ils piétinaient au hasard, par les chemins qui se changeaient en fleuves de boue. D’abord, ils étaient descendus vers le Voreux ; puis, ils tournèrent à droite, ils passèrent entre le terri et le canal.

— Il faut pourtant que tu couches quelque part, dit-il