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GERMINAL.

la tirer de ce repos, de l’ignorance anéantie qui la berçait peut-être dans un rêve de grand air et de vie au soleil ? Par où fuir, d’ailleurs ? Et il cherchait, et il se rappela que le plan incliné, établi dans cette partie de la veine, communiquait, bout à bout, avec le plan qui desservait l’accrochage supérieur. C’était une issue. Il la laissa dormir encore, le plus longtemps qu’il fut possible, regardant le flot gagner, attendant qu’il les chassât. Enfin, il la souleva doucement, et elle eut un grand frisson.

— Ah ! mon Dieu ! c’est vrai !… Ça recommence, mon Dieu !

Elle se souvenait, elle criait, de retrouver la mort prochaine.

— Non, calme-toi, murmura-t-il. On peut passer, je te jure.

Pour se rendre au plan incliné, ils durent marcher ployés en deux, de nouveau mouillés jusqu’aux épaules. Et la montée recommença, plus dangereuse, par ce trou boisé entièrement, long d’une centaine de mètres. D’abord, ils voulurent tirer le câble, afin de fixer en bas l’un des chariots ; car si l’autre était descendu, pendant leur ascension, il les aurait broyés. Mais rien ne bougea, un obstacle faussait le mécanisme. Ils se risquèrent, n’osant se servir de ce câble qui les gênait, s’arrachant les ongles contre les charpentes lisses. Lui, venait le dernier, la retenait du crâne, quand elle glissait, les mains sanglantes. Brusquement, ils se cognèrent contre des éclats de poutre, qui barraient le plan. Des terres avaient coulé, un éboulement empêchait d’aller plus haut. Par bonheur, une porte s’ouvrait là, et ils débouchèrent dans une voie.

Devant eux, la lueur d’une lampe les stupéfia. Un homme leur criait rageusement :

— Encore des malins aussi bêtes que moi !

Ils reconnurent Chaval, qui se trouvait bloqué par l’éboulement, dont les terres comblaient le plan incliné ;