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Page:Zola - L'Assommoir.djvu/144

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LES ROUGON-MACQUART.

un cri de la petite. Malgré elle, toute pâle, elle regardait. Justement, Coupeau soudait le bord extrême de la feuille, près de la gouttière ; il se coulait le plus possible, ne pouvait atteindre le bout. Alors, il se risqua, avec ces mouvements ralentis des ouvriers, pleins d’aisance et de lourdeur. Un moment, il fut au-dessus du pavé, ne se tenant plus, tranquille, à son affaire ; et, d’en bas, sous le fer promené d’une main soigneuse, on voyait grésiller la petite flamme blanche de la soudure. Gervaise, muette, la gorge étranglée par l’angoisse, avait serré les mains, les élevait d’un geste machinal de supplication. Mais elle respira bruyamment, Coupeau venait de remonter sur le toit, sans se presser, prenant le temps de cracher une dernière fois dans la rue.

— On moucharde donc ! cria-t-il gaiement en l’apercevant. Elle a fait la bête, n’est-ce pas ? madame Boche ; elle n’a pas voulu appeler… Attends-moi, j’en ai encore pour dix minutes.

Il lui restait à poser un chapiteau de cheminée, une bricole de rien du tout. La blanchisseuse et la concierge demeurèrent sur le trottoir, causant du quartier, surveillant Nana, pour l’empêcher de barboter dans le ruisseau, où elle cherchait des petits poissons ; et les deux femmes revenaient toujours à la toiture, avec des sourires, des hochements de tête, comme pour dire qu’elles ne s’impatientaient pas. En face, la vieille n’avait pas quitté sa fenêtre, regardant l’homme, attendant.

— Qu’est-ce qu’elle a donc à espionner, cette bique ? dit madame Boche. Une fichue mine !

Là-haut, on entendait la voix forte du zingueur chantant : Ah ! qu’il fait donc bon cueillir la fraise ! Maintenant, penché sur son établi, il coupait son zinc