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LES ROUGON-MACQUART.

dans une cour humide, et le Bal Robert, impasse du Cadran, deux infectes petites salles éclairées par une demi-douzaine de quinquets, tenues à la papa, tous contents et tous libres, si bien qu’on laissait les cavaliers et leurs dames s’embrasser au fond, sans les déranger. Et Nana avait des hauts et des bas, de vrais coups de baguette, tantôt nippée comme une femme chic, tantôt balayant la crotte comme une souillon. Ah ! elle menait une belle vie !

Plusieurs fois, les Coupeau crurent apercevoir leur fille dans des endroits pas propres. Ils tournaient le dos, ils décampaient d’un autre côté, pour ne pas être obligés de la reconnaître. Ils n’étaient plus d’humeur à se faire blaguer par toute une salle, pour ramener chez eux une voirie pareille. Mais, un soir, vers dix heures, comme ils se couchaient, on donna des coups de poing dans la porte. C’était Nana qui, tranquillement, venait demander à coucher ; et dans quel état, bon Dieu ! nu-tête, une robe en loques, des bottines éculées, une toilette à se faire ramasser et conduire au Dépôt. Elle reçut une rossée, naturellement ; puis, elle tomba goulûment sur un morceau de pain dur, et s’endormit, éreintée, avec une dernière bouchée aux dents. Alors, ce train-train continua. Quand la petite se sentait un peu requinquée, elle s’évaporait un matin. Ni vu ni connu ! l’oiseau était parti. Et des semaines, des mois s’écoulaient, elle semblait perdue, lorsqu’elle reparaissait tout d’un coup, sans jamais dire d’où elle arrivait, des fois sale à ne pas être prise avec des pincettes, et égratignée du haut en bas du corps, d’autres fois bien mise, mais si molle et vidée par la noce, qu’elle ne tenait plus debout. Les parents avaient dû s’accoutumer. Les roulées n’y faisaient rien. Ils la trépi-