Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/100

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Celles qui ont la force de leurs rêves — oserai-je, frères, me compter parmi ces dernières ? — se révoltent, &, dans leur franchise, regrettent les aires de Provence où les lourdes paysannes dansent au milieu de la nuit fraîche & transparente.

De la galerie où nous étions, nous ne pouvions voir que l’ensemble de la scène. Nous sommes descendus, gagnant le bas par des escaliers & des couloirs étroits & obscurs. Arrivés dans la salle, nous avons dû suivre un mince sentier ménagé entre les murs & les quadrilles. Tout désir s’en est allé, je n’ai plus eu que du dégoût. Les femmes étaient vêtues de loques, de soie en lambeaux, pailletée de cuivre noirci, leurs épaules nues ruisselaient ; le fard, par larges mares, par longues traînées, rougissait, bleuissait leur peau. Une d’elles, le visage enflammé, la voix enrouée, s’est tournée vers moi, gesticulant & criant. L’étrange, la laide figure ! Je la reverrai dans mes mauvais songes.