Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/101

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Je ne me souviens point d’avoir aperçu les hommes. Ils étaient, ce me semble, droits & immobiles pour la plupart, regardant avec un grand calme les sauts désordonnés des femmes. Je ne saurais dire quelles gens ce pouvait être, ni s’ils paraissaient comprendre toute leur sottise.

Las déjà, sentant ma tête se fendre, j’ai gagné une table, traînant toujours Laurence à ma suite. Nous nous sommes assis, & j’ai bu ce qu’on nous a servi, étudiant ma compagne.

Laurence, à son entrée, avait souri, frémissant d’aise, aspirant largement cet air vicié, si doux à ses lèvres. Le sourire s’était bientôt évanoui, elle avait repris son visage morne. Parfois, elle allongeait le bras & touchait la main à une femme, à un homme qui passaient. Alors, le sourire se montrait quelques secondes, puis il disparaissait de nouveau. Renversée à demi sur sa chaise, les pieds appuyés sur un petit banc, elle se balançait avec lenteur, regardant dans