Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/112

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rais à son cœur, je soulèverais sous des baisers ses paupières affaissées, elle resterait toujours là, à mes pieds, accroupie, sans un frisson, sans un cri de douleur ou de joie. J’ai par instants des désirs de lui crier :

— Lève-toi, & battons-nous ; réveille-toi, & crie, jure, montre-moi que tu vis encore en me faisant souffrir.

Elle me regarde avec ses yeux éteints ; je recule effrayé, n’osant parler. Laurence est morte, morte de cœur & de pensée. Je n’ai rien à tenter sur ce cadavre.

Frères, je n’ai plus la moindre espérance, je ne veux plus m’occuper de cette fille. Elle a refusé ma vie de travail, je n’ai pu accepter sa vie de débauche ; le rêve était trop haut, la réalité m’a paru un gouffre. Je m’arrête & j’attends. Quoi ? Je l’ignore.

Je n’ai que faire de me justifier devant vous. Je sais que vous voyez clair en mon âme, que vous expliquez mes actes par des