Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/113

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pensées de justice & de devoir. Vous avez plus de confiance en moi que je n’ose en avoir moi-même. Par moments, je m’interroge, je me juge comme me jugent sans doute les passants que je coudoie en cette vie ; je m’effraye de ce vice qui m’entoure sans me vicier, de cette femme qui dort à mon côté, sans être ma compagne. Alors, désespéré, j’ai des envies de faire ce que feraient les autres, de prendre Laurence par les épaules & de la pousser dans la rue où je l’ai trouvée. Elle y tomberait aussi nue, aussi désolée, ayant au front la même misère & la même infamie. Et moi, je fermerais ma porte tranquillement, ne lui ayant rien volé, ne lui devant rien. La conscience est large ; il y a des gens qui ont la science de rester honnêtes en devenant lâches & cruels.

Laurence s’impose à moi de toute la force de son abandon. Elle reste là, tranquille & passive. Je ne puis pourtant pas la chasser. Ma misère m’empêche de la