Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/115

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tanes, dans le préau du collège ; il marchait d’un pas lent & ferme, poussant du pied les cailloux ; il riait paisiblement, raisonnant ses sourires, & vivait dans une suprême indifférence. Je me rappelle qu’en un jour d’épanchement il me confia le secret de sa force. Je ne compris rien à ses confidences, si ce n’est qu’il se proposait de vivre heureux en murant son cœur & sa pensée.

À quinze ans, je ne rêvais que du grand Jacques. J’enviais ses longs cheveux blonds, sa superbe indolence. Il était, parmi nous, un type d’élégance & d’aristocratique dédain. J’avais été surpris par cette nature égoïste qui n’avait rien de jeune ni de généreux ; je m’étais mis à admirer cet enfant terne & froid qui passait au milieu de nous avec la gravité indulgente & supérieure d’un homme.

J’ai revu le grand Jacques. Il est mon voisin, il habite la même maison que moi, deux étages plus bas. Hier, je mon-